Mise en œuvre de la réforme du 1er cycle universitaire : pour le Sgen-CFDT la prise en compte des effets de la réforme sur le travail des personnels et la meilleure reconnaissance de la mission pédagogique sont des enjeux essentiels.
La réforme de l’accès au premier cycle universitaire est entrée dans sa phase de déclinaison dans les établissements, et met au jour deux enjeux majeurs dont le Sgen-CFDT s’est saisi depuis plusieurs mois :
- la nécessaire prise en compte de l’effet de cette réforme sur le travail des enseignants-chercheurs ou enseignants, des personnels des scolarités et des SUIO-IP, tous impliqués ensemble dans les activités de formation des étudiants ;
- et l’urgence qu’il y a à réaffirmer notre combat pour la reconnaissance de la mission pédagogique dans l’ESR.
Réforme du 1er cycle : Quelles conséquences pour les personnels des établissements ?
Parcoursup, c’est de fait du travail supplémentaire pour les personnels qui n’en manquent pas ! D’ailleurs, dès l’annonce par la ministre de l’ouverture d’une concertation sur l’accès au premier cycle, le Sgen-CFDT a posé comme préalable la reconnaissance financière de ce travail supplémentaire.
6 millions d’euros pour compenser le temps consacré à l’examen et au suivi des candidatures…
C’est ainsi qu’à l’automne 2017, lors de premières négociations, le Sgen-CFDT obtenu 6 millions d’euros pour la période allant jusqu’à décembre 2018. Cette enveloppe doit être utilisée dans les établissements pour compenser le temps passé à examiner et à classer les dossiers, indemniser les collègues qui assumeront les missions de Directeurs des études (pour les enseignants) ou de suivi des candidatures dans les services (pour les personnels des scolarités et des SUIO-IP).
Il revient aux représentants des personnels dans les établissements de s’assurer que l’utilisation de cette enveloppe financière se fasse dans la transparence et conformément aux préconisations négociées entre le ministère et les partenaires sociaux depuis plusieurs mois.
Aujourd’hui, au delà de ces revendications budgétaires se pose aussi la manière de piloter ce dispositif. De cette mission nouvelle associée à Parcoursup, on ne sait toujours pas encore précisément comment elle sera assumée dans les établissements.
Quel pilotage du dispositif Parcoursup ?
Le dialogue se poursuit donc entre le Sgen-CFDT et le ministère sur ce point. Notre organisation, lors d’une audience le 19 février dernier, a obtenu :
- un engagement du cabinet à être à l’écoute des remontées des informations de terrain qui lui parviendront (sur les questions pratiques auxquelles sont confrontées l’ensemble des personnels dans les UFR – côté enseignants comme côté personnels des scolarités-, et dans les SUIO-IP).
- la mise en place d’une formation spécifique aux personnels de scolarité autour du dossier Parcoursup, ainsi que la création d’un « pool » d’accompagnement au ministère pendant la mise en oeuvre de la réforme. Par exemple, ils devront être vigilants sur la manière dont cette réforme affecte le travail de tous les personnels, tant au plan quantitatif que qualitatif. Ces derniers devront s’impliquer en effet dans l’examen des dossiers, et il va falloir pour chaque parcours de diplôme :
- qu’ils soient en mesure d’identifier tous leurs interlocuteurs : les responsables de diplômes, le président et les membres des jurys, les membres des commissions pédagogiques…) ;
- qu’ils maîtrisent toutes les offres de formation qui sont proposées aux étudiants ;
- qu’ils organisent en lien avec les enseignants la mise en place des « dispositifs d’accompagnement des étudiants » qui sont au cœur de la loi, et l’inscription des candidats ;
- qu’ils apprennent à passer de la gestion de cohortes d’étudiants insérées dans une maquette d’enseignement précise, et gérées grâce à un système d’information fiable et adapté, à une gestion de parcours individualisés d’étudiants plus « sur mesure ». Cela nécessite une appréhension et une maîtrise beaucoup plus fine de l’offre de formation, sans système d’information adapté…
Quelle prise en charge du surcroît d’activité généré par la procédure de Parcoursup ?
On peut se réjouir de voir enfin que la question de l’orientation individualisée et de la formation sont prises en considération, et sont même placées au cœur de la loi. Cependant, le surcroît d’activité généré par la procédure de Parcoursup devra être pris en charge.
L’ensemble des personnels n’affronteront donc pas seuls les difficultés qu’ils ne manqueront pas de rencontrer. Pour terminer, notons que le Sgen-CFDT sera bien sûr attentif à ce que ce travail soit reconnu, y compris dans l’avancement de carrière…
Pour terminer sur le dialogue établi avec le ministère, le Sgen-CFDT ainsi que la FAGE, Sup-Recherche Unsa, FCPE et le Syndicat Général des Lycéens viennent de demander (pour que le suivi des dossiers soit le plus fiable et le plus objectif possible) que soit créé un « Comité de suivi de la loi ORE ». Ce comité pourrait être composé de représentants d’institutions (inspections, ONISEP) et de personnalités du monde académique dont les travaux sur les problématiques par exemple de la mixité sociale, sont reconnus.
Si les aspects « concrets » du travail des personnels autour de Parcoursup sont une préoccupation évidente pour une organisation syndicale, le contexte actuel révèle aussi autre chose : les missions pédagogiques dans l’ESR doivent être prises en compte autant que celles relevant de la recherche.
N’est-il pas temps de parler sérieusement de l’investissement pédagogique des collègues ?
Si cette reconnaissance financière était un incontournable pour le Sgen-CFDT, cela ne pouvait cependant être suffisant. En effet depuis de nombreuses années, l’accueil d’un public toujours plus nombreux et hétérogène nous impose un accroissement du temps consacré à l’accompagnement individualisé des étudiants, à l’innovation pédagogique, etc. Bref, à nous investir toujours plus dans l’activité de formation souvent au détriment d’autres activités dont celle de recherche qui pourtant demeure essentielle pour les enseignants-chercheurs.
Cet investissement dans l’activité de formation s’avère être souvent pénalisant pour le déroulement de carrière car très peu, pour ne pas dire pas du tout, pris en compte pour l’avancement de grade (en particulier au niveau du CNU, car cela devient peut-être moins vrai au niveau des promotions à l’interne des établissements, ce dont nous nous réjouissons).
Ouverture de discussions pour une meilleure reconnaissance de l’activité de formation…
C’est pourquoi, le Sgen-CFDT a demandé et obtenu l’ouverture de discussions avec le ministère sur une meilleure reconnaissance de l’activité de formation. Le Sgen-CFDT y portera la revendication d’une égale reconnaissance avec les autres activités et en particulier pour les enseignants chercheurs avec l’activité de recherche. Cette revendication doit permettre de prendre enfin en compte les évolutions de nos métiers, liées aux évolutions de l’enseignement supérieur.
Le ministère devra être en capacité de préciser le calendrier et le périmètre des discussions qu’il prévoit de mettre en place à propos de ce à quoi il s’est engagé : une meilleure reconnaissance de l’activité de formation. La ministre a annoncé que l’ouverture des discussions aura lieu le 29 mars lors d’une réunion avec l’ensemble des organisations syndicales représentatives. C’était une demande forte du Sgen-CFDT, qui a rappelé qu’elles devaient être ouvertes et qu’aucun sujet ne devait être exclu a priori.
Par ailleurs, mieux reconnaître la pédagogie ne doit pas uniquement relever de questions indemnitaires, et devrait pouvoir s’inscrire dans le déroulé de carrière des enseignants et enseignants-chercheurs.
De même, le Sgen-CFDT a demandé à ce que le dossier de la reconnaissance des missions des PRAG, PRCE, PREC et CPE soit ouvert. Il conviendra d’associer aux discussions le ministère de l’éducation nationale qui continue à (mal) gérer la carrière de ces agents. En particulier, la question de l’évaluation et des rendez-vous de carrière doit trouver rapidement des réponses.
Dans la réponse que la ministre a envoyée au Sgen-CFDT une lettre dans laquelle elle précise que la concertation sur une meilleure reconnaissance de l’activité de formation devrait débuter en février. Nous vous tiendrons informés de la suite….