Personnels BIATSS : beaucoup d’activités invisibles

Un entretien avec Élisabeth SIOUDAN-DEVAILLY, ingénieure d’études à l’université Paris-Descartes, élue Sgen-CFDT au CA de son établissement et de la ComUE Sorbonne Paris Cité, mais aussi militante Sgen-CFDT dans d’autres lieux ou instances que son univers professionnel.

personnels BIATSS activités invisiblesPeux-tu nous présenter ton établissement ainsi que tes missions ?

Paris 5 est une communauté de milliers d’usagers et de personnels. Université d’environ 38 000 étudiant.e.s, pluridisciplinaire avec des formations dans 3 secteurs : Sciences humaines et sociales ; Sciences, technologies, santé ; Droit, économie, gestion. Elle est aussi éclatée sur 13 sites avec 9 UFR, plusieurs hôpitaux et 82 équipes de recherche. Pour ma part je travaille à Boulogne-Billancourt à l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) de Psychologie. Je suis ingénieure d’études (IGE, filière des ITRF) dans un laboratoire de 122 personnes (dont 52 doctorant.e.s). Je suis chargée de la valorisation de la recherche et de la coordination administrative. J’interviens en soutien aux enseignants-chercheurs et aux doctorants pour leurs recherches, je suis plus particulièrement chargée des partenariats scientifiques.

personnels BIATSS activités invisiblesTu appartiens donc au corps des BIATSS. Il n’y a pas que des ingénieur.es d’études ?

BIATSS : cet acronyme recouvre une très grande diversité de métiers, du jardinier au chercheur en passant par les personnels de bibliothèques, de santé ou des services sociaux. Si bien que le référentiel des métiers compte 242 emplois-types ITRF ! C’est un grand TOUT en apparence très disparate, où sont mêlés des métiers qui contribuent tous à la réalisation des missions de l’université. Pourtant la première question qu’on vous pose quand vous dites que vous travaillez à l’université est le plus souvent : « Tu travailles à l’université ? Tu enseignes quoi ? ».

Représentation peu flatteuse, un peu comme si nous étions transparent.e.s, ou comme si nos tâches étaient secondaires. Cela dit la question révèle une autre méconnaissance profonde de l’université : on nous demande ce que nous enseignons, mais la plupart des gens ignorent que les enseignants chercheurs (EC) eux-mêmes ne font pas qu’enseigner, et que pour l’évolution de carrière des EC, la comptabilisation des articles qu’ils publient compte beaucoup plus que leur activité pédagogique.

Qu’est-ce qui te semble peu connu ou reconnu dans ton travail ?

Au delà de la rémunération, je voudrais qu’il ait plus de sens, que mon travail ne soit pas réduit à des horaires et à une fiche de poste. Que les valeurs auxquelles je crois soient reconnues comme nécessaires au bon accomplissement de mes missions au sein de l’université.

Une autre source de frustration est l’invisibilité de nombre d’activités très chronophages et pourtant indispensables, par exemple les mails. Un peu comme si tout ce que les collègues et les usagers ne voient pas de notre travail n’existait pas. Ce qui a été réalisé va de soi. Personne ne semble se demander comment on est arrivé au résultat, ces multiples activités « invisibles » ne sont d’ailleurs pas prises en compte dans notre évaluation annuelle. Le besoin de reconnaissance est humain, dans beaucoup de cas l’invisibilité est source de souffrance au travail.

Propos recueillis par Chantal Demonque

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Lexique :

ITRF : Ingénieurs et personnels Techniques de Recherche et de Formation

BIATSS : Bibliothèques, Ingénieurs, Administratifs, Techniciens, de Service et de Santé