La fiche Avenir est un outil de liaison entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. Elle répertorie les éléments nécessaires à l’enseignement supérieur pour proposer une inscription au futur bachelier ainsi qu’un parcours adapté à ses besoins.

Clés de compréhension

  • Les objectifs du « plan étudiants » : mieux accompagner les élèves en prenant en compte leurs parcours et expériences, leurs motivations et leurs projets
  • La fiche Avenir devait synthétiser les points forts et les besoins de l’élève
  • Mais la fiche qui sera proposée aux équipes pédagogiques est en totale contradiction avec ces objectifs
  • Les propositions du Sgen-CFDT

La fiche Avenir telle qu’elle a été arrêtée par le ministère de l’Éducation Nationale privilégie les moyennes des notes disciplinaires et le classement des élèves, que ce soit pour des filières sélectives ou pour des filières non sélectives.

Cette fiche qui sera proposée aux équipes pédagogiques est en totale contradiction avec les objectifs du « plan  étudiants » annoncés le 30 octobre 2017 par le Premier ministre. Il s’agissait d’accompagner toutes les étudiantes et tous les étudiants vers la réussite à l’université en dehors de toute sélection. Dans sa forme actuelle, la fiche Avenir n’est rien d’autre qu’un outil de sélection par les notes des futurs étudiants (voire même par la voie ou la filière suivie) et non un outil d’accompagnement et de prise en compte des besoins individuels des bacheliers entrant à l’université.

Rappel des objectifs du plan étudiants

Le plan étudiants a été présenté comme « un meilleur accompagnement [des lycéens] vers le supérieur… Pour envisager l’avenir avec confiance. »

Il est question de « mieux accompagner les élèves en prenant en compte leurs parcours et expériences, leurs motivations et leurs projets. »

À aucun moment le plan étudiants n’envisage, pour les filières non sélectives, de trier ou de classer les élèves en fonction de leurs notes obtenues au deux premiers trimestres de la classe terminale.

Il s’agit donc de prendre en compte :

  • la construction du projet d’orientation du lycéen pour lui proposer une inscription à l’université en fonction des vœux qu’il a exprimés.
  • les compétences acquises et non-acquises du lycéen afin de lui proposer un parcours adapté qui permettra de limiter l’échec universitaire.

Le plan étudiants met en avant « des cursus à la carte pour que chaque étudiant construise son projet d’études et progresse à son rythme. »

Rappel des objectifs de la fiche Avenir

Le plan étudiants avance la nécessité d’une « coopération renforcée, pour une meilleure articulation entre enseignement secondaire et supérieur. »

La fiche Avenir serait ainsi un élément central du continuum Bac-3 / Bac+ 3 afin de développer la cohérence de la continuité entre le lycée et l’université.

La fiche Avenir doit donc faire apparaitre les points forts et les besoins de l’élève afin que l’enseignement supérieur s’inscrive dans la continuité des apprentissages.

 

Les éléments que doit faire apparaître la fiche AvenirFiche Avenir : un outil qui sape l'idée de parcours bac -3 / +3

1. Les compétences de l’élève

L’exemple éclairant est celui des langues vivantes. La compétence en langue vivante d’un élève ne peut être évaluée par une note sur 20 et une appréciation générale. Pour évaluer les compétences en langue vivante d’un élève, c’est le Cadre Européen Commun de Référence (CECRL) qui doit être utilisé, comme il est utilisé dans toutes les formations certificatives de langues vivantes.

De même pour les autres matières, les compétences des élèves sont décrites par le livret scolaire. C’est le positionnement de l’élève sur la grille d’évaluation des compétences qui doit permettre à l’enseignement supérieur d’avoir une description utilisable du profil du futur étudiant.

Une note et un classement n’ont jamais permis de comprendre quels étaient les besoins spécifiques d’un élève.

2. L’avis du conseil de classe

Le conseil de classe doit vérifier d’une part la cohérence du vœu formulé par l’élève et d’autre part donner un avis sur sa capacité à réussir dans la filière d’enseignement supérieur demandée.

L’avis du conseil de classe se construit à partir des attendus définis par l’université et par la réalité du continuum Bac-3 / Bac+3 qui permet une connaissance mutuelle des enseignements scolaires et universitaires.

 

Que pense le Sgen-CFDT des éléments proposés par le ministère pour la fiche avenir ?

C’est comme si les objectifs du plan étudiants avaient été totalement oubliés et que la fiche Avenir n’était mise en place que pour permettre aux filières sélectives de continuer à sélectionner comme auparavant, sur la base des notes obtenues au lycée.

En faisant apparaitre notes et classement, la fiche Avenir étend cette possibilité, qui était réservée aux seules filières sélectives, à toutes les filières de l’université.

Les éléments de la fiche Avenir proposée par le ministère :

  • Moyenne et classement de l’élève dans chaque matière : inutiles et contre productifs pour une inscription dans une filière non sélective.
  • Motivations de l’élève pour le projet de formation que doit décrire le professeur principal : est-ce au professeur principal de synthétiser les motivations du lycéen qui doit avoir rendu cohérent son projet dans la construction de son « Parcours Avenir » qui débute dès la classe de 5ème ?
  • Éléments d’appréciation appelés « complémentaires » (méthode de travail, autonomie, capacité à s’investir dans le travail, engagement, esprit d’initiative…) : ces éléments sont pour la plus grande part des éléments d’appréciation subjective alors que les compétences des lycéens sont décrites par son livret scolaire.
  • Appréciation du chef d’établissement, avis sur la cohérence du vœu et avis sur la capacité à réussir de l’élève : l’appréciation du chef d’établissement en soi n’apporte pas d’éléments de connaissance supplémentaire de l’élève. Un avis du conseil de classe peut cependant être un élément de prise en compte par l’université.

Il est primordial de se demander en quoi les éléments de la fiche Avenir vont donner à l’enseignement supérieur les moyens de prendre en compte les besoins du futur bachelier.

Sous sa forme actuelle, cette fiche Avenir ne permet que de trier les candidats à l’université sur des critères globalisés et non ciblés, sans répondre aux objectifs annoncés du plan étudiants que le Sgen-CFDT avait soutenu.

 

Les propositions du Sgen-CFDT

Pour toutes les filières

Le livret scolaire de l’élève qui existe et qui est rempli par chaque professeur doit être le support incontournable de la fiche Avenir. C’est la description des compétences de l’élève dans chaque domaine et discipline qui permettra une prise en compte des acquisitions et des besoins de chaque étudiant.

Pour les filières sélectives hors CPGE

Les notes et les classements n’ont guère d’intérêt pour les STS ou les DUT. Les avis des conseils de classe et la cohérence validée du projet d’orientation doivent suffire. Pour sélectionner les candidats, en fonction du nombre de places disponibles, c’est l’avis du conseil de classe et du chef d’établissement qui feront la différence.

Les résultats obtenus au Baccalauréat pourraient également être un élément pour l’inscription dans les filières où les demandes seront supérieures aux places proposées, à condition que là encore ils soient examinés de façon non globalisée.

Pour les CPGE et les autres filières sélectives

Une première sélection peut s’effectuer sur la base de la fiche Avenir (Livret scolaire), compétences acquises et avis du conseil de classe.

La seconde sélection s’effectue en fonction des résultats des candidats, puisqu’il s’agit ici de sélectionner.

Les résultats obtenus au Baccalauréat devraient pouvoir être pris en compte pour que les filières sélectives aient les indications les plus précises sur chaque candidat.

Pour l’évolution du Baccalauréat

Vouloir redonner du sens au Baccalauréat c’est à la fois en faire :

Le support d’une évolution de l’enseignement secondaire pour préparer à l’enseignement supérieur

Et

Le support de l’inscription dans l’enseignement supérieur

Le Baccalauréat ne joue aucun rôle aujourd’hui pour la poursuite d’études (sauf pour le dispositif « meilleur bachelier ») puisque les propositions d’inscription dans l’enseignement supérieur sont faites avant d’en connaitre le résultat. Par ailleurs il donne de faibles indications sur le profil de l’élève à cause des compensations de notes entre toutes les disciplines, y compris les options (parfois nombreuses) qui le composent.

Pour le Sgen-CFDT, un Baccalauréat modulaire qui s’appuie sur une validation cumulative, progressive et diversifiée des modules tout le long du parcours au lycée, et sur une seule épreuve terminale sous forme d’un oral, peut redevenir l’élément central de l’accession à l’enseignement supérieur. L’obtention du baccalauréat donne alors une indication précise sur le parcours suivi par l’élève, c’est-à-dire sur les disciplines travaillées, sur les compétences validées, sur les forces et les faiblesses rencontrées. L’obtention du baccalauréat redevient le passeport (le sésame) d’entrée dans le supérieur, et le parcours de l’élève, « traçable » par les modules choisis et validés, donne les critères objectifs (des « visas ») pour le choix de poursuite d’étude après ce baccalauréat.

Cela permettrait 3 évolutions majeures souhaitables :

  • Une prise en compte du parcours de l’élève et des compétences acquises, pour accéder à l’enseignement supérieur,
  • Un 2e semestre de terminale consacré totalement à la préparation à l’enseignement supérieur,
  • Un mois de juin totalement consacré aux apprentissages pour tous les élèves du lycée.

Pour aller plus loin...

  • Place et rôle du lycée dans le continuum Bac -3 / Bac +3 - Notre dossier complet