Retour sur l’affaire Mila

Retour sur l'affaire Mila : agir syndicalement d'abord, agir quotidiennement contre toutes les formes de harcèlement, faire vivre la liberté d'expression dans une société laïque.

En découvrant les menaces inadmissibles dont Mila, une lycéenne, était victime sur les réseaux sociaux au point de devoir être déscolarisée, le Sgen-CFDT n’a pas fait le choix de la communication externe, immédiate . Nous avons préféré prendre le temps de l’information, de la vérification. Nous avons préféré prendre le temps pour nous tourner vers les militant.e.s du Sgen-CFDT de l’Académie de Grenoble où se trouve le lycée de Mila et obtenir des informations fiables car sourcées et recoupées. Nous avons préféré prendre le temps de nous tourner vers le ministère de l’Éducation nationale afin de savoir ce qui était mis en place pour lui permettre de poursuivre ses études, d’être de nouveau scolarisée en toute sécurité. Bref, nous avons fait ce que nous apprenons aux élèves : trier, vérifier les informations avant de les diffuser. C’est la condition indispensable à un débat démocratique serein.

Puis, Mila s’est exprimée dans une émission télévisée. Elle a fait le récit des faits : le harcèlement sexiste, sexuel et homophobe dont elle a d’abord été l’objet, sa réaction de colère dans laquelle elle exprime son opinion sur les religions puisque parmi ses harceleurs, certain.e.s donnaient des justification à connotation religieuse de leurs propos. S’en sont suivis des tombereaux de messages haineux d’appel à la violence et au meurtre. Dans un renversement dont la mécanique est hélas trop connu, c’est la victime initiale qui se retrouvait accusée par une vindicte assez puissante pour que sa sécurité soit mise en danger.

Le Sgen-CFDT souhaite que les services de l’Éducation nationale, dans le respect des choix de Mila et de sa famille, parviennent à trouver les moyens de sa rescolarisation rapide. Le ministère nous a donné l’assurance qu’il y travaillait en lien avec la famille, et il semble qu’une solution a été trouvée.

Cette affaire est terrible puisque c’est bien le droit même à la scolarisation d’une jeune fille qui est remis en cause aujourd’hui en France.

Cette affaire terrible rappelle combien la lutte contre toutes les formes de harcèlement est essentielle, est un combat de toutes et tous au quotidien. Il faut le prévenir. Il faut protéger les victimes, plus fréquemment des filles, des femmes et des personnes LGBT. Il suppose de sensibiliser toutes et tous : dissuader le harcèlement, déjouer les logiques de « caisse de résonance », faire prendre conscience à chacun et chacune de son rôle dans la spirale du harcèlement. D’autres jeunes sont déscolarisés ou développent une phobie scolaire à cause du harcèlement. La politique de lutte contre le harcèlement doit se poursuivre et s’amplifier.

Cette affaire terrible nous rappelle aussi que le blasphème n’existe pas en France car la liberté d’expression s’applique aussi au religieux dans notre société laïque. Il faut que cesse la confusion entre critique des religions et racisme, entre critique des religions comme idéologie et critique ou dénigrement de personnes croyantes. Sur ce sujet, Mila a elle-même été très claire lors de son interview.