LPR : signature de l’accord sur la revalorisation, intervention liminaire du Sgen-CFDT

Déclaration prononcée par Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la Fédération des Sgen-CFDT lors de la signature de l'accord relatif à l’amélioration des rémunérations et des carrières dans l'enseignement supérieur et la recherche (12 octobre 2020).

Monsieur le Premier ministre,

Madame la ministre,

Mesdames et messieurs,

Le Sgen-CFDT, première organisation dans l’enseignement supérieur et la recherche l’affirme depuis plusieurs années : notre pays a besoin d’investir massivement dans l’enseignement supérieur et la recherche, dans ses universités et organismes de recherche. C’est ainsi que nous préparerons l’avenir de notre société : en formant dans de meilleures conditions les jeunes, en élevant leur niveau de qualification, en permettant à la recherche publique, à la recherche fondamentale de se déployer, de s’articuler à la recherche appliquée sans être pour autant corsetée par des objectifs prédéfinis.

Notre pays a besoin d’investir massivement dans l’enseignement supérieur et la recherche… pour préparer l’avenir de notre société.

Ce double objectif transparaît dans plusieurs lois ou projets de loi et discours de l’exécutif : loi orientation et réussite étudiante, projet de loi de programmation pluri-annuelle pour la recherche. Le Sgen-CFDT et la CFDT ensemble ont pris leurs responsabilité dans le travail sur la préparation de ces textes : discussions, propositions, critiques et contestations argumentées quand il le faut. Nous avons aussi pris nos responsabilités en rappelant avec force, à chaque étape, que l’enseignement supérieur et la recherche ne sont rien sans les personnels qui les font au quotidien, dans tous les métiers qui y concourent.

C’est pourquoi lors du Cneser des 18 et 19 juin derniers nous avons fait la proposition à Madame la ministre d’ouvrir des négociations sur la revalorisation des carrières et des rémunérations des agents de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour aboutir à un accord majoritaire. Madame la ministre, vous avez accepté cette proposition, et le moment solennel de signature que nous partageons aujourd’hui est l’aboutissement d’un processus commencé en juin dernier à l’initiative du Sgen-CFDT.

L’aboutissement d’un processus commencé en juin dernier à l’initiative du Sgen-CFDT.

Depuis, nous avons porté de nombreuses propositions, et la négociation conduite par nos représentants avec les membres de votre cabinet et la DGRH a permis de faire évoluer la proposition initiale de manière favorable sur un nombre de points importants. Le protocole comporte donc des avancées significative pour les personnels que nous avons rappelées dans le courrier que nous vous avons adressé vendredi.

Une signature qui acte des avancées significatives pour les personnels.

Après débats et consultations internes, le Sgen-CFDT a en effet décidé d’apposer sa signature, contribuant grandement à faire de ce protocole un accord majoritaire. Un accord qui comporte des avancées importantes pour les agents, mais aussi encore des manques, des points à clarifier.

Cette signature n’est donc en aucun cas une validation des points les plus critiqués de la LPR, comme les CDI de mission ou les chaires de professeur junior. Sur ces éléments, notre organisation n’a pas changé d’avis.

Cette signature n’est pas non plus un renoncement à des revendications qui n’ont pas encore trouvé leur aboutissement dans ce protocole. Ce n’est pas non plus un renoncement à celles portées plus largement par la CFDT Fonctions Publiques comme le dégel du point d’indice.

Cette signature n’est ni une validation des points les plus critiqués de la LPR ni un renoncement à nos autres revendications.

Le Sgen-CFDT continuera à porter ces revendications.

Le protocole comporte des manques, des points à clarifier, à compléter. Le comité de suivi de l’accord, avec les organisations syndicales signataires, devrait donc selon nous travailler rapidement à des questions cruciales pour que les efforts conséquents que le Gouvernement souhaite réaliser pour l’enseignement supérieur et la recherche soient pérennisés dans le but d’avoir leur plein effet au bénéficie de l’ensemble de la société française.

Des points à clarifier, à compléter…

Il faut assurer la continuité de la programmation au-delà des échéances électorales.

Il faut construire un plan de recrutement d’enseignants et d’enseignants-chercheurs : pour leur assurer et assurer aux étudiantes et étudiants les meilleures conditions de travail mais aussi permettre d’articuler enseignement et recherche au sein des universités.

Il faut prendre en compte la réalité du travail et des emplois dans l’enseignement supérieur et la recherche et améliorer les conditions d’emploi, de reconnaissance et de considération pour toutes celles et tous ceux quel que soit leur métier qui contribuent à l’enseignement supérieur et la recherche en France. Ainsi, les contractuels, les personnels enseignants du 1er et du 2nd degré et les personnels administratifs travaillant dans l’enseignement supérieur et la recherche ne doivent pas être les oubliés du Grenelle de l’Education à venir.

Les financements prévus pour la recherche dans le cadre de la loi de programmation pour la recherche, l’amélioration de la rémunération des personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche sont des éléments importants pour le quotidien des agents et des étudiantes et étudiants, mais aussi pour l’avenir de notre société.

Investir massivement dans l’enseignement supérieur et la recherche c’est asseoir des structures publiques qui permettront la résilience, qui nous tournent vers l’avenir et la solidarité.

Alors que notre pays vit une situation épidémique qui s’installe, alors qu’il connaît une crise économique et sociale accrue par l’incertitude généralisée, investir massivement dans l’enseignement supérieur et la recherche c’est aussi asseoir des structures publiques qui permettront la résilience, qui nous tournent vers l’avenir et la solidarité. Soutenir les universités alors que ces crises déclenchées par la pandémie frappent durement la jeunesse et le monde du travail est indispensable. Cela nécessitera que tous les opérateurs publics de formation travaillent ensemble pour répondre à l’énorme défi de l’accompagnement des chômeurs vers des reconversions professionnelles. Les universités doivent pouvoir jouer leur rôle dans la formation professionnelle pour adultes, tout en continuant à former au mieux les jeunes inscrits dans les formations initiales.

Relever les défis majeurs posés par des transitions que personne ne peut nier ou contourner…

Alors que notre société, ou plutôt, les sociétés en France, en Europe et dans le monde, vivent et doivent relever les défis majeurs posés par des transitions que personne ne peut nier ou contourner, la recherche et l’enseignement supérieur sont indispensables pour penser ces changements, éclairer le débat public et les décisions que le politique doit prendre.

Ces transitions, ces défis supposent une recherche et un enseignement supérieur forts non seulement de l’excellence dans des champs disciplinaires, mais aussi du travail collectif et dans un esprit de coopération entre équipes de recherche. Relever ensemble les défis de la nécessaire transition écologique et énergétique, les défis de la révolution numérique qui n’en finit pas déployer ses effets sur tous les pans de nos vies, faire face aux risques populistes, nous le ferons mieux en articulant des champs de recherche différents.

…suppose des financements, des structures qui permettent de voir loin, qui valorisent la coopération.

Cela suppose des financements, des structures qui permettent de voir loin, qui valorisent la coopération. Cela suppose de reconnaître que ce travail est celui des femmes et des hommes qui font la recherche et l’enseignement supérieur dans les universités, dans des laboratoires de recherche, par la controverse scientifique. Cette dynamique qui peut parfois sembler lointaine quand l’urgence de la décision se fait sentir a toujours été au coeur des grands mouvements de l’histoire de la connaissance, de la pensée et du renouveau scientifique mais aussi politique des sociétés humaines.

Trouver des solutions aux défis qui sont les nôtres pour nos générations et celles à venir appelle un système d’enseignement supérieur et de la recherche solide, dans lequel tous les professionnels peuvent se consacrer à la recherche, à l’enseignement avec un horizon stable dans lequel projeter leur activité. C’est toujours avec ces objectifs que le Sgen-CFDT agit.

Défendre les conditions dans lesquels les professionnels travaillent au quotidien n’est pas du corporatisme, c’est un enjeu de service public, un enjeu pour l’avenir de nos sociétés quand il s’agit d’enseignement et de recherche.