Déclaration liminaire au CNESER du 7 octobre 2025

La CFDT s'alarme de la crise institutionnelle que traverse le pays, et rappelle l'importance de financer le service public d'enseignement supérieur et de recherche.

Déclaration liminaire au CNESER du 7 octobre 2025, lue par les représentants CFDT Éducation Formation Recherche Publiques.

Une absence de ministre très préjudiciable

Monsieur le président du CNESER, 
Madame la secrétaire générale, 
chers collègues, 
Pour commencer, la CFDT s’inquiète de la crise institutionnelle que traverse en ce moment notre pays. Nous n’avons pas de gouvernement de plein exercice, et par conséquent pas de ministre de plein exercice, depuis maintenant un mois. Cette absence du ministre veut dire qu’il n’y a personne pour prendre les décisions importantes, pour trancher sur les sujets délicats. Certes, l’administration maintient une certaine continuité, mais par nature, elle ne peut pas se substituer au politique. L’épisode de la nuit de dimanche à lundi, avec la nomination du gouvernement le soir, suivi au matin de la démission de ce même gouvernement, vient rajouter à la confusion.
Pour l’enseignement supérieur et la recherche, le gouvernement éphémère avait une ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, mais sans le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche du précédent gouvernement.
Pour poser une question précise, comme l’administration le souhaite, qui va désormais être l’interlocuteur des organisations syndicales et des organisations représentatives ? Est-ce le cabinet de la ministre de l’Éducation nationale, ou bien est-ce le cabinet du ministre auprès de la ministre de l’Éducation nationale, chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche ? Si c’est bien le premier cas, il va leur falloir un certain temps pour acquérir l’expertise nécessaire sur les dossiers qui concernent l’enseignement supérieur et la recherche, qui jusqu’ici étaient gérés par ce ministère. Le temps qui sera nécessaire pour qu’ils s’approprient les dossiers va retarder encore les décisions urgentes à prendre et fragiliser encore plus le système d’enseignement supérieur et de recherche.

La hausse des frais d’inscription ne résoudra rien

D’autre part, nous avons appris par la presse l’existence d’un rapport conjoint de l’inspection générale des finances et de l’inspection générale de l’enseignement supérieur et de la recherche qui recommanderait une hausse très significative des frais d’inscription à l’université. D’une part, on aimerait que ce rapport soit public, comme les rapports de l’IGESR le sont habituellement, afin qu’on puisse prendre connaissance des arguments développés, et éventuellement y répondre. D’autre part, pour la CFDT, la gratuité de l’enseignement est un principe fondamental, garanti par la constitution. Le Conseil constitutionnel a bien rappelé, dans une décision d’octobre 2019, que ce principe de gratuité s’appliquait aussi à l’enseignement supérieur, même s’il ne faisait pas obstacle à l’existence de droits d’inscription, à condition que ceux-ci restent modiques. Les chiffres qui nous parviennent du fameux rapport conjoint IGF/IGESR sont loin d’être modiques. 
Depuis des années, les services de l’État, et notamment du ministère des Finances, sont à la recherche de la solution magique qui permettrait de combler le manque de financement dont souffre le service public d’enseignement supérieur et de recherche. Il y a eu les associations d’anciens élèves, les fondations, les sociétés d’accélération de transfert industriel, les diplômes d’établissements, les frais d’inscription des étudiants étrangers, et maintenant l’augmentation des frais d’inscription pour tous. Derrière toutes ces tentatives, il y avait à chaque fois l’idée qu’on avait une source d’argent inépuisable qui allait permettre de compenser la faiblesse des investissements de l’état.
L’injonction qui a été faite aux universités d’accueillir toujours plus d’étudiants et d’étudiantes n’a jamais été réellement financée ; on a augmenté les capacités d’accueil sans ouvrir ni financer les postes d’enseignants correspondants, ce qui revient à dire qu’on a rajouté des chaises dans la classe. Et l’on pousse les universités à se tourner vers des sources de financement plus ou moins imaginaires, voire franchement périlleuses ; la dépendance financière par rapport aux frais d’inscription des étudiants étrangers a déjà eu des conséquences fâcheuses pour plusieurs universités hors de nos frontières, que ce soit par une ingérence étrangère dans la gouvernance de l’université, en Australie notamment, ou par une crise financière lorsque les étudiants étrangers cessent de venir, que ce soit pour des raisons de pandémie ou de politique. 
Il est essentiel de revenir aux fondamentaux, et que l’état finance le service public d’enseignement supérieur et de recherche, à la hauteur des missions qu’il lui confie. Nous rappelons qu’on ne peut pas séparer enseignement supérieur et recherche ; les enseignants-chercheurs sont une part essentielle des forces de recherche de notre pays, et sous-financer l’enseignement supérieur comme on le fait, c’est aussi plomber leur contribution à l’effort de recherche.