Budget 2019 : le compte n’y est pas

Déclaration de la CFDT à l’occasion de la présentation du budget 2019 de la MIRES au CNESER (Mission interministérielle Recherche et Enseignement supérieur)

Le CNESER est appelé aujourd’hui à s’exprimer sur les moyens des établissements publics d’enseignement supérieur et de recherche pour 2019. Il est dommage que cette expression ne se fasse qu’en présence de représentants de l’administration, en l’absence (remarquée) de Mme la ministre et des membres de son cabinet. Pourtant le budget n’est pas une question technique, mais éminemment politique.

Pour les Universités,  globalement, le compte n’y est pas aux yeux de la CFDT. Un point très inquiétant est notamment le fait que le GVT serve de variable d’ajustements pour les arbitrages de dernière minute. Pourtant Mme la ministre s’était engagée l’an dernier sur une compensation soclée de ce GVT. Elle avait souligné que ce gouvernement serait en rupture avec les précédents et présenterait enfin un budget sincère en particulier sur ce point, en appliquant le principe selon lequel toute charge supplémentaire doit être financée.

Nous voyons déjà poindre les gels de crédits en cours d’année et les mises en réserve. Cela n’est pas acceptable pour la CFDT.

Artifices de dernière minute

Mais nous constatons que, comme les années précédentes, on renoue avec les artifices de dernière minute, et nous voyons déjà poindre les gels de crédits en cours d’année et les mises en réserve. Cela n’est pas acceptable pour la CFDT.

De même, laisser à penser que l’argent des étudiants étrangers ou de la CVEC pourrait servir à combler les faiblesses des budgets universitaires généraux n’est pas acceptable.

Pas un bon signal pour l’avenir de la recherche

La recherche universitaire est elle aussi frappée avec un financement qui augmente de seulement 0,3%, ce qui ne constitue pas un bon signal pour l’avenir de la recherche.

La situation des EPIC est encore pire : les budgets ne tiennent absolument pas compte de l’inflation. Pour certains d’entre eux, la situation est même catastrophique : leur budget nominal est en baisse.  Même le CNES, qui avait toujours été épargné, est frappé aujourd’hui par les restrictions budgétaires. Autrement dit, les EPIC vont payer la plus grosse part de l’effort. Alors qu’on insiste sur l’importance des transferts de recherche vers l’industrie !

Les EPST ne sont guère mieux lotis, avec une évolution des budgets, hors ANR et mesures spéciales, qui est de l’ordre de 0,6 %. Surtout ils subissent une baisse constante des emplois titulaires, ce qui, là non plus, n’est pas acceptable et obère la capacité à mener certains programmes, en raison de l’incapacité à assurer à la fois la gestion des installations expérimentales – impliquant une part de travail non réductible –, et l’encadrement de personnels contractuels toujours plus nombreux. D’une manière générale, cette part croissante des précaires dans les organismes est une hypothèque prise sur l’avenir de la recherche française, car cela pèse sur l’attractivité des métiers.

De même, l’augmentation du budget ANR va vraisemblablement permettre d’augmenter les taux de réussite actuels, et donc un peu moins décourager les chercheurs… mais ça ne répond pas au véritable problème ! En effet l’urgence est surtout aujourd’hui de rééquilibrer les dotations en faveur des ressources pérennes, au lieu de tout miser sur les appels à projets, qui tendent à favoriser une minorité d’équipes et la précarisation des personnels de la recherche !

Quelques lueurs d’espoir

Certes, il y a quelques lueurs d’espoir : les documents budgétaires qui nous sont soumis montrent que les universités ont visiblement été relativement protégées dans les derniers arbitrages budgétaires 2019, au moins jusqu’à aujourd’hui, avec le maintien des engagements du gouvernement sur le financement des mesures de mise en œuvre de la loi ORE, des cotisations au CAS pensions pour les titularisations Sauvadet, de la compensation des décharges des MCF stagiaires en formation…

Nous sommes aussi satisfaits d’avoir le détail des montants attribués aux établissements pour les différents volets de la loi ORE, qui vont permettre d’interpeller les établissements, et de demander que les fonds soient RÉELLEMENT affectés aux politiques correspondantes !

Mais il ne faut pas oublier que les financements supplémentaires servent à financer des charges nouvelles. Il ne s’agit donc pas d’un cadeau. Pour ce qui est de la loi ORE, par exemple, l’objectif de personnaliser les parcours via des enseignements complémentaires (pour les étudiants « oui, si », entre autres), d’assurer un suivi via les contrats pédagogiques de réussite … a des impacts financiers importants. Ces financements supplémentaires ne sont donc pas là pour compenser l’augmentation importante du nombre d’étudiants.

Pour conclure, la CFDT réitère donc sa revendication d’un milliard et demi d’euros supplémentaire par an pour l’ESR.

Les votes

La CFDT s’est abstenue sur le programme 150 (budget des établissements d’enseignement supérieur), et a voté contre les programmes 172 et 193 (organismes de recherche).