CNESER : motion sur les filières sélectives, présentée par la CFDT

Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) du 15 mai 2018.

CNESER - Conseil national de l'enseignement supérieur et de la rechercheMotion CFDT  (CNESER du 15 mai 2018)

La loi ORE a fait émerger à nouveau et très légitimement le débat sur la sélection dans les filières post bac. Mais dans ce débat certains oublient que la sélection existe déjà très officiellement dans ou en dehors des universités. Cela soulève aussi de façon criante la question du financement de l’ESRI et plus particulièrement la différence d’investissement de l’État entre les filières sélectives et les filières non sélectives, au détriment de ces dernières. Pour les membres du CNESER, il est urgent d’ouvrir enfin le débat sur notre modèle d’organisation des formations post bac et de l’existence, en dehors des universités, de formations très sélectives. Parce que les membres du CNESER pensent que tous les jeunes méritent la même considération de l’État, ils demandent la création d’un groupe de travail qui se dotera d’une lettre de mission et d’un agenda précis, validés par le CNESER.

La dépense moyenne par étudiant en France s’élève à environ 11800 euros. Mais si elle est de 15000 euros pour un étudiant en classe préparatoire, elle n’est que de 11000 euros pour un étudiant inscrit à l’université.

La Cour des comptes a pointé à plusieurs reprises l’opacité qui entoure les financements des filières sélectives hors universités. En effet, ceux-ci ne relèvent pas tous de la MIRES. Cette difficulté à obtenir des données précises révèle en soi le malaise d’un système qui accepte, contre toute justice sociale, de donner plus à ceux qui ont déjà plus et moins à ceux qui ont déjà moins. Certes, différentes politiques d’incitation visant à favoriser l’ouverture des filières sélectives aux jeunes des familles populaires ont été mises en œuvre par certains. D’autres ont tenté de rapprocher et de faire travailler ensemble les différents établissements portant des formations post bac. Mais, force est de le constater, ce ne sont que des réponses très partielles et insatisfaisantes à l’injustice d’une réalité qui voit offrir les meilleurs taux d’encadrement et le meilleur accompagnement aux meilleurs des bacheliers, très majoritairement issus des familles aisées, et à l’inverse les taux d’encadrement et l’accompagnement le plus faible aux autres bacheliers très largement issus des familles populaires.

Pour les membres du CNESER, cette réalité mérite d’être questionnée en dehors même de la question budgétaire car il s’agit d’abord d’une question de société : quel modèle d’enseignement supérieur voulons nous ? Un modèle qui permette à ceux qui ont moins de recevoir plus ? Ou un modèle qui permet la reproduction des élites en laissant sur le bord de la route la grande majorité des jeunes ?