Le projet d’Idex doit être l’occasion d’innovation organisationnelle et sociale

Malgré de fortes réserves, le Sgen-CFDT a choisi de voter favorablement au projet Idex. Mais nous souhaitons insister sur l'importance de l'innovation sociale et de sa prise en compte, notamment une réelle sécurisation des parcours professionnels coordonnée sur le territoire.

Nos établissements ont soumis en février dernier une candidature dans le cadre de l’appel à projet « initiative d’excellence » (Idex). Le Sgen-CFDT a déjà eu l’occasion d’exprimer son désaccord avec l’esprit réducteur dans lequel l’« excellence » est envisagée dans ce programme, qui repose sur une mise en compétition et la sur-représentation d’un petit nombre de projets, choisis selon des critères discutables, plutôt que sur la coopération et la promotion de la qualité dans tous les domaines au sein de nos établissements.

Malgré ces fortes réserves, le Sgen-CFDT a choisi de voter favorablement au projet lors du CA de la COMUE le 16 mars 2015. Ceci, tout d’abord parce que le projet de structuration de notre site est tout à fait dans la ligne de ce que demande le SGEN-CFDT depuis de nombreuses années : la mise en place d’une université fédérale, intégrant tous les établissements, dont Grenoble INP. C’est d’ailleurs le schéma que nous avions proposé lors des assises de la recherche. Cette construction est ambitieuse, elle doit s’appuyer sur une définition précise des subsidiarités et des répartitions des compétences, avec des niveaux de décisions collégiaux et démocratiques.

Les outils mis en œuvre pour parvenir à cette structuration nous semblent réalistes : la fusion des trois universités Grenoble 1, 2 et 3 d’une part, la création de la COMUE d’autre part en sont les éléments clés. Nous insistons sur le fait que c’est bien l’un et l’autre de ces éléments qui sont nécessaires : ce sont les deux piliers de la construction. Ne pas s’engager fortement sur ces deux piliers serait un échec ; cela implique que des perspectives claires soient données sur le moyen terme pour la COMUE avec tous les moyens pour qu’elle puisse fonctionner correctement.

Les grands axes prioritaires définis dans le projet IDEX UGA, et en particulier le premier axe avec une action volontariste en direction des lettres et SHS, constituent un signe fort. C’est en effet uniquement avec une université où tous les secteurs disciplinaires prennent toute leur place que l’opération sera un succès. Les pôles de recherches, leurs conseils, le conseil académique de la COMUE avec les conseils des universités seront des lieux de concertation importants.

Nous avons cependant les remarques suivantes :

  • Nous souhaitons mettre en garde contre l’utilisation des classements de Shanghai, Times HE, QS et autres. En aucun cas ces indicateurs ne peuvent être considérés comme des indicateurs de la réussite de ce projet. Les biais des classements sont bien connus : non prise en compte des lettres SHS (ou très mal), classement basé sur des ‘enquêtes d’opinions’ (40% des points pour le classement QS), etc. Il est assez facile de démontrer que ces classements sont totalement biaisés et inopérants : par exemple, des personnalités de renom comme Levy-Strauss, Bourdieu, Rosenvallon etc., n’apparaîssent pas du tout avec ces indicateurs.

Il faut donc définir et mettre en place nos propres indicateurs, comme indiqué dans l’action S1.2 du projet IDEX, qui doivent être adaptés au pilotage de ce projet. Par exemple, pour ce qui est de l’innovation, nous souhaitons insister sur l’importance de l’innovation sociale et de sa prise en compte.

  • Les personnels et leur gestion sont singulièrement absents de ce projet. Nous proposons d’y inclure un volet ‘Gestion Prévisionnelle des effectifs et des compétences’, coordonné sur le territoire. Ceci implique une coordination sur le territoire des GRH des personnels permanents, mais également des personnels temporaires pour lesquels une réelle sécurisation des parcours professionnels pourrait être mise en place. Nous répétons ici la proposition qui a été faite de mutualiser une partie des ressources propres, dont l’augmentation sensible est prévue dans le projet, pour pérenniser une partie des postes non permanents. Cette politique RH se placerait ainsi dans un contexte ambitieux tant pour le devenir du site que pour la cohésion sociale des personnels.
  • Finalement nous insistons sur la place des EPST et en particulier du CNRS dans ce dispositif. Nous soutenons la qualité de membre du CNRS dans la COMUE UGA. Le CNRS doit trouver les moyens pour organiser le dialogue social avec ses personnels en région sur ces questions de structuration. Nous le répétons et nous en sommes convaincus, dialogue social territorial ne veut pas dire abandon de la structuration nationale du CNRS : c’est simplement une évidence, il faut que les personnels soient impliqués. En particulier et de toute urgence, le CNRS doit organiser la représentation des personnels dans les groupes de travail de l’inter CT.